VIDÉOCLIP ZOMBIES

9 décembre 2015

Depuis la parution de son marquant et salué Rue des Saules, les silences du rappeur semblent avoir été rares. Et pourtant. C’est un Koriass une fois encore changé, évolué, ailleurs, qui annonce ici son retour avec un inédit saisissant, qui le laisse sous-entendre spectaculaire. Premier morceau d’un tout attendu, un long jeu intitulé Love Suprême à paraître le 5 février prochain — à être célébré le soir même au Cercle à Québec et le lendemain à Montréal, au Club Soda —, « Zombies » donne le ton, d’emblée ; la verve du rappeur n’a jamais jusqu’ici été si caustique. Et sa force de frappe n’en est que décuplée.

J’ai des zombies à mes trousses, I got to run / J’ai des zombies à mes trousses, I got to run / Runnin’ for my life, j’essaie de me sauver la peau / Everybody hit the floor, it’s gonna blow / J’arrive kick in the door / Won’t take it anymore, nah.

Noire, frénétique, introduite par des cuivres tonitruants, soutenue par un piano spasmodique puis des voix anxiogènes, la trame musicale happe. Acide, le flow est incessant, l’esprit, vif, et les mots libérés, improbateurs. L’univers est glauque et, transcrit en images par le chorégraphe et réalisateur Nico Archambault, il prend la forme d’un huis clos qui foudroie l’imaginaire, une vidéo originale produite par les Montréalais de Roméo & Fils. Isolé dans une pièce immaculée, Koriass déclame ses vers le visage empreint d’une terreur intestine. Dans l’entrebâillement des murs, une foule grise s’agite, psychosée. Alors que s’intensifie le propos, propulsé par des beats de plus en plus distortionnés, le rappeur apparaît immobilisé au sol par des structures métalliques géométriques. Assaillit par une meute rampante, il lance un cri puis, immobile, sans un mouvement de détresse, est englouti par l’ombre. « Run for your life. »